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« Mon fils est en prison depuis des années. Le tribunal l’a condamné pour homicide intentionnel. Il aurait poignardé deux hommes au moyen d’un couteau. Il avait alors à peine 18 ans. Je suis intimement convaincue qu’il est innocent. Car il affirme jusqu’à ce jour, qu’il aurait arraché le couteau des mains du meurtrier, mais qu’il n’aurait pas lui-même porté les coups fatidiques. Je l’admire qu’il n’ait jamais perdu l’espoir que ce cauchemar s’arrête un jour. Depuis cette nuit, durant laquelle mon fils a été arrêté, je suis comme coupée en deux.

Je menais ma vie incognito

Ma mère et ma fille attendent de moi que j’aie la force de supporter tout cela. Quand je sors, j’évite d’être reconnue. Pourtant, je dois quand même me rendre à mon travail et, là, je dois être en état de fonctionner. Ce faisant, lorsque le cauchemar a commencé, j’avais justement perdu mon emploi et j’ai dû en trouver un autre. J’y suis parvenue. J’ai réussi à sauver les apparences, et cela aujourd’hui encore. Mais cela exige beaucoup d’efforts. Par bonheur, je peux ouvertement parler avec une de mes collègues de travail de ce qui va et de ce qui ne va pas. Cela m’aide énormément dans mon quotidien professionnel. L’autre partie de ma personne était habitée, surtout durant les premières années suivant les faits, par le désespoir.

Ils m’ont appelée  » mère de meurtrier « 

Entre-temps, ce désespoir a fait place à une profonde tristesse. Jusqu’à ce jour, je ne dors que deux à trois heures par nuit. Je ne peux plus vivre sans médicaments. Jusqu’à récemment, les proches du meurtrier me traitaient régulièrement de « mère de meurtrier ». Tant de haine, pourtant je n’y suis pour rien. Longtemps, j’ai cherché chez moi la faute de ce qui s’est passé. Cela m’a presque poussée au suicide. Aujourd’hui, je parviens à me protéger de telles accusations. J’ai même réappris à rire. Malgré tout ce que j’ai enduré, je n’ai jamais voulu déménager dans une autre ville. C’est ici que j’ai mes amis. Ils ne sont pas nombreux, mais ce sont de bons amis, sur lesquels je peux compter. L’Armée du Salut aussi m’a aidée. Elle s’est surtout occupée de mon fils.

L’Armée du Salut en prison

En prison, mon fils a fait la connaissance d‘Hedy Brenner, de l’Armée du Salut. Dans le cadre de son service, elle visite régulièrement des détenus. J’ai été soulagé que mon fils ait pu tout lui confier et qu’elle ait pris ses préoccupations au sérieux. Elle lui a aussi parlé du Service de navette de l’Armée du Salut, qui conduit les proches des détenus au Thorberg. Le pénitencier bernois est situé loin de la gare sur une colline. Il n’était que difficilement accessible pour moi. Je ne dispose pas de ma propre voiture et, suite à plusieurs opérations au genou, je suis physiquement diminuée. Le Service de navette a représenté une bénédiction pour moi. Durant les trajets, j’avais aussi une fois un moment pour parler de tout avec quelqu’un. Cela m’a fait un bien fou. »

Source: Armée du Salut, Daniela Deck (Magazine «Gesundheitstipp» de décembre 2013)

Site Web « Angehört »

« Cela m’a fait un bien fou de par­ler avec l’Ar­mée du Sa­lut. »

Comment allez-vous aujourd’hui?

Je vais mieux qu’avant, mais je souffre encore beaucoup de voir mon fils incarcéré. Parfois, je suis aussi fatiguée de toujours consacrer mes week-ends à des visites dans un établissement pénitentiaire.

Qu’est-ce qui vous préoccupe ?

Ce qui me préoccupe beaucoup, c’est que les proches de détenus soient eux aussi condamnés. Souvent, ils ne savent pas se défendre. Quand je peux, j’essaie de les aider. La plupart des proches se taisent et ressentent de la honte, c’est pour ça qu’ils ne se manifestent pas.

Comment va votre fils ?

En ce moment, il va mieux. Après une longue période d’attente, il a enfin été transféré dans un établissement pénitentiaire plus humain. Mais malgré ça, le fait d’être toujours enfermé le mine. Cette situation est également pesante pour sa sœur. On espère qu’il obtiendra bientôt une permission de sortie et qu’on pourra le voir en dehors des murs de la prison.

Sonja_Mutter eines Inhaftierten
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