Pourquoi le Housing first?
Contrairement aux « modèles graduels » classiques, dans le Housing first, les participants ne doivent pas d’abord prouver leur capacité d’habiter de façon autonome ou consentir à des thérapies, mais obtiennent directement leur propre logement et un contrat de bail. En sécurité chez eux, ils peuvent ensuite entreprendre de leur plein gré des mesures, comme des thérapies ou des traitements de sevrage.
Car pour les sans-abri, les incertitudes liées à leur condition constituent un facteur de stress au quotidien qui influence leur thérapie. Ils se demandent où ils passeront la nuit, s’ils ont tout prévu pour dormir au chaud et en sécurité, où ils pourront se doucher et faire leur toilette.
Le Housing first les libère de ce poids et d’autres obstacles encore. La relation de confiance avec le bailleur est établie par le fournisseur d’hébergement, par exemple l’Armée du Salut. Les participants évitent ainsi de s’exposer à d’éventuels jugements hâtifs lors de leur candidature pour un appartement. Quiconque manifeste sa volonté de conclure un contrat de bail et de contribuer aux frais de location peut prendre part au Housing first.
Dès que le participant a emménagé dans l’appartement, il peut améliorer sa capacité d’habiter de façon autonome directement chez lui, en toute sécurité. La plupart des bénéficiaires recourent en outre volontiers au programme d’aide Hébergement accompagné Bâle et au soutien des travailleurs sociaux responsables du projet Housing first ou entament une thérapie appropriée.
Principes clés du Housing first
- 1. Le logement est un droit humain
- 2. Liberté de choix et contrôle en tant que participant
- 3. Séparation entre logement et traitement
- 4. Accent mis sur la guérison
- 5. Collaboration active, sans pression
- 6. Planification centrée sur la personne
- 7. Soutien flexible aussi longtemps que nécessaire
- 8. Réduction des risques
source: feantsa.org
Housing first de l’Armée du Salut à Bâle
En 2020, l’Armée du Salut a lancé le premier projet pilote de Housing first en Suisse, sur mandat du canton de Bâle-Ville. Dans le cadre de ce projet, des logements sont attribués en collaboration avec le Service social de la ville de Bâle. À titre de mesure complémentaire, des travailleurs sociaux de l’Armée du Salut conseillent et aident les bénéficiaires en cas de questions concernant le logement, le travail ou les finances et en cas de demandes personnelles.
Conditions de participation
Sont autorisées à participer les personnes majeures inscrites dans le canton de Bâle-Ville depuis au moins deux ans et qui sont sans logement ni abri depuis longtemps. Nous nous adressons en premier lieu aux personnes souffrant de troubles psychiques ou d’addictions et à celles qui n’ont pas pu être atteintes avec les autres offres existantes, ou qui y ont recouru, mais ont échoué.
Les participants expriment leur intention et leur volonté de gérer leur propre logement de manière autonome, de conclure leur propre contrat de bail et de garantir le financement. Celui-ci est assuré par les participants grâce aux prestations complémentaires et à l’aide sociale.
Objectifs
Développement du Housing first
Housing first : quelques exemples
En Europe, des projets Housing first ont été lancés dans plusieurs pays. Là où le financement a été assuré par l’État, comme en Finlande, le succès a été considérable. C’est pourquoi plusieurs gouvernements ont lancé des projets Housing first afin de récolter des expériences. La Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA) a dressé une liste complète de ces projets en 2016.
Bâle
En 2018, le corps électoral du canton de Bâle-Ville a accepté quatre initiatives sur le logement, dont l’initiative « Recht auf Wohnen » [n.d.t. : le droit au logement]. Cette dernière a abouti au mandat donné au canton de lancer un projet Housing first. Sur ce, le Service social de Bâle-Ville a fait un appel d’offres pour le projet et l’Armée du Salut l’a remporté et a décroché le mandat de mise en œuvre.
Berne
L’association « wohnenbern » prend en charge des personnes dans 80 appartements, qui sont en partie exploités selon les principes de Housing first. L’association est cependant l’interlocuteur principal vis-à-vis des bailleurs. Bien qu’un véritable projet de type Housing first n’est pas prévu, de nombreuses institutions adaptent leurs offres d’accompagnement au logement. À Berne, depuis 2023, l’Armée du Salut gère un bureau de conseil au logement, qui a pour but d’aider les personnes qui s’y adressent à trouver leur propre logement.
Grisons
Mandatée par le canton de mettre sur pied un projet Housing first, l’association « Verein Oase » en a lancé un en août 2024. Tous les appartements nécessaires à la réalisation du projet n’ont pas encore été trouvés. Le manque de logements à Coire constitue une difficulté, aussi pour les responsables du projet.
Autriche
Chaque année, à Vienne, l’organisation sociale « neunerhaus » conseille et accompagne plus de 1000 personnes autrefois sans abri ou sans logis, dans trois bâtiments, avec une offre Housing first et un logement accompagné. Les personnes qui ont un appartement peuvent ensuite beaucoup mieux adresser leurs problèmes d’addiction ou d’autres problèmes psychiques ; les personnes dirigeantes de neunerhaus en sont convaincues.
Allemagne
Ce sont six projets qui ont été lancés en même temps à Berlin. Ils prennent toujours aussi en compte la situation familiale, ou des aspects comme l’identité de genre. Le financement est assuré par des subventions publiques versées par le Land de Berlin à des promoteurs de projet privés. En 2022, 90 personnes sans abri ont ainsi pu trouver un logement.
Finlande
La Finlande est pionnière en matière de Housing first : d’ici 2025 à Helsinki, et d’ici 2027 dans l’ensemble du pays, elle vise à éradiquer le sans-abrisme à long terme. Depuis des décennies, l’État investit dans la construction, l’entretien et l’achat de milliers de logements sociaux. Plus de 8000 appartements ont été créés spécialement pour des personnes sans logement au cours de ces dernières années, l’objectif de tous les gouvernements, de gauche comme de droite, depuis plus de quinze ans, étant de mettre fin au sans-abrisme. Rien que dans la capitale, le nombre de personnes sans logement a diminué de plus de 40 % de 2019 à 2022. Dans les espaces communs de ces logements, il y a toutefois certaines règles de comportement.
France
L’un des plus grands projets Housing first d’Europe a commencé en France. Le programme « Un chez-soi d’abord » a été mis en place à Lille, Paris, Toulouse et Marseille, sous la direction de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL). Plus de 705 personnes sans domicile ont participé à ce grand projet. La moitié d’entre elles ont eu recours à des services Housing first ou à des programmes de lutte contre le sans-abrisme, permettant d’évaluer le succès du projet. Plus de 80 % des participants avaient encore leur contrat de bail après 13 mois, ce qui constitue un très bon résultat. À partir de 2018, seize autres villes françaises ont mis en place des services de Housing first.
Espagne
Le service Housing first HÁBITAT a démarré en 2014 et a mis des logements à disposition pour 38 personnes à Malaga, Barcelona et Madrid. Du point de vue économique, le projet HÁBITAT a obtenu de meilleurs résultats que des offres traditionnelles pour des coûts similaires. Les participants ont pu garder leur appartement plus long temps, se sentaient plus en sécurité et étaient plus satisfaits car ils pouvaient mieux développer leurs relations familiales que dans des modèles dits graduels.
Suède
Contrairement au Danemark, à la Finlande et à la Norvège, ce n’est qu’en 2015 que la Suède a mis en place un programme national de Housing first. Cependant, un projet au niveau local, à Stockholm et Helsingborg a vu le jour en 2010 déjà. Trois ans plus tard, le projet a été poursuivi à Helsingborg pour une période indéterminée et a été un vrai succès : 84 % des participants ont pu conserver leur logement pendant cette période.
Écosse
En 2010, à Glasgow, en raison du nombre croissant de décès de personnes adultes causés par la consommation abusive de drogue, l’organisation non gouvernementale (ONG) Turning Point a démarré un service Housing first intitulé « Glasgow Housing First ». Ce service est financé et soutenu par l’administration municipale de Glasgow, la Police, le gouvernement écossais, le service national de santé (NHS) ainsi que par des bailleurs sociaux.
Angleterre
Depuis 2015, tant à Camden (Londres) qu’à Newcastle-Upon-Tyne, des projets visant à reloger en priorité des personnes sans-abri depuis longtemps ou des personnes ayant des problèmes psychiques sont en cours avec succès. Ces deux projets reposaient entièrement sur le secteur locatif privé, sans pouvoir proposer des mesures incitatives aux bailleurs. Dans un marché du logement en forte surchauffe comme Londres, cela a constitué un grand problème.
La FEANTSA a les dernières publications et derniers enseignements portant sur les projets housing first européens.
Limites des projets Housing first
Le Housing first réunit beaucoup d’approches intéressantes issues de l’aide aux personnes. L’être humain et sa capacité d’autodétermination sont au centre. Cependant, le Housing first rencontre aussi des critiques :
Articles complémentaires
Découvrez d’autres articles encore sur le Housing first.
Compassion
Comment peux-tu t'intéresser davantage aux difficultés de la vie de tes voisins et de tes semblables ?