« Ne pouvant nous reposer que sur nous-mêmes, mon fils et moi avons toujours vécu dans des conditions modestes. Par la suite, j’ai perdu mon travail, et notre situation a empiré, mais il était pour moi hors de question d’abandonner. J’ai réalisé mon rêve d’enfance et je me suis reconvertie dans les soins. Or mon revenu ne suffit pas. » Margarete Anke (53)
La pauvreté comme compagnon permanent
Survivre avec des contraintes financières que privent de la dignité
« Une fois que l’on est touché par la pauvreté, il est très difficile de sortir du cercle vicieux. Si je renonçais à ma voiture, j’aurais un peu plus d’argent à ma disposition, mais il serait immédiatement utilisé pour rembourser les dettes. Je ne pourrais plus travailler ni terminer ma formation à Brugg, je suis donc obligée d’avoir une voiture. C’est la même chose pour la caisse-maladie : à cause de fortes douleurs, je dois recevoir une injection de cortisone plusieurs fois par année. Si j’y renonce, les douleurs deviendraient si fortes que je ne pourrais plus aller travailler et donc ne serais plus utile à la société. Et si je prends ce traitement, la question est : comment est-ce que je paie la quote-part ?
Je ne peux pas m’offrir la moindre dépense supplémentaire, dans ma vie sociale non plus. J’aimerais beaucoup inviter des amis, leur mitonner un bon repas et leur montrer combien ils comptent pour moi, mais ce n’est pas possible. Cela a aussi été difficile au travail, quand on a récolté de l’argent pour une nouvelle collègue. C’était peu avant le versement du salaire et j’avais à peine 20 centimes dans mon porte-monnaie. J’ai donc cherché une excuse pour pouvoir donner ma contribution seulement après le week-end. Ainsi, de manière invisible pour la société, on est toujours poussé à cacher sa situation. Pouvoir décider librement de ce que je veux faire ou non contribue à une existence autodéterminée. En tant que personne en situation précaire, je n’ai pas cette liberté. »
Le besoin s'aggrave de plus en plus
« Ma situation financière a n’a cessé d’empirer. À un moment, mes difficultés étaient telles que j’étais dos au mur et que je ne trouvais plus de force pour surmonter les obstacles. Sans ma meilleure amie, j’aurais été perdue. Elle m’a encouragée à chercher de l’aide et m’a accompagnée à la paroisse de l’Armée du Salut de Reinach. Lors d’un entretien avec Nadine Gazzetta, la responsable de la diaconie sociale, je lui ai exposé ma situation. Elle a écouté mes craintes et mes peurs, m’a conseillée et m’a parlé de la distribution de nourriture de l’Armée du Salut. Grâce à cette offre importante, j’ai eu de quoi manger aussi pendant la deuxième moitié du mois. Le plus important toutefois est que j’ai retrouvé mon courage. Savoir que ce n’est pas ma faute m’a beaucoup aidée.
Je suis très reconnaissante envers l’Armée du Salut pour son aide non bureaucratique, très humaine et empreinte de dignité. Je conseille à toute personne qui a besoin d’une aide urgente de faire appel à l’Armée du Salut.
Après la fin de ma formation en 2021, j’aurai les certificats nécessaires pour pouvoir prendre davantage de responsabilités dans mon métier et donc avoir un meilleur revenu. Alors, j’espère pouvoir m’acheter un café, cuisiner pour mes amis ou me rendre à une manifestation culturelle. Vivre normalement, en somme. »