Protection et perspectives
pour les enfants

« Je vis à Pinalagad, un lotissement situé sur une décharge dans le district de Valenzuela à Manille. Je n’ai jamais vraiment connu mon père. J’étais encore très petite lorsqu’il a été abattu en ma présence. Ce qui est particulièrement tragique, c’est que mon père a été tué par erreur. Il n’aurait pas dû mourir.

Pourtant, malgré cette perte précoce et les nombreuses privations liées à ma vie dans une décharge, j’étais une enfant heureuse.

Un abus et ses répercussions

Un jour, alors que j’avais 14 ans, je me suis rendue chez mon amie pour charger mon téléphone mobile. À la maison, nous n’avions pas de courant. Son père nous a incitées à consommer de l’alcool. L’alcool n’a pas manqué de produire son effet, ce qui fait que mon amie et moi-même nous sommes étendues pour dormir. Quand je me suis réveillée, son père était couché sur moi. J’ai essayé de le repousser. Mais il était trop fort…

Puis, ma vie a changé du tout au tout. J’ai perdu pied et j’ai cherché de l’aide auprès des mauvaises personnes. Ce qui fait que je me suis égarée et que j’ai finalement fini dans un gang de quartier. Des nuits durant, nous avons sillonné la région, en arrosant toujours nos expéditions de beaucoup d’alcool.

En ces temps-là, j’étais très irrespectueuse envers mon entourage immédiat, surtout envers ma mère. Il n’y avait plus que le gang qui comptait pour moi. Toutes les tentatives de me détourner de cette vie échouaient.

Dans le cadre de la thérapie fondée sur l’art, j’ai appris différentes formes d’art, comme de jouer d’un instrument de musique ou de peindre. Cela a éveillé mon intérêt pour différents types d’arts.

Un revenu grâce à la créativité

La peinture est particulièrement importante pour moi. Elle me permet de m’exprimer. Lorsque je suis en colère ou que je m’ennuie, je prends volontiers le pinceau. Le fait de peindre égaie mon quotidien et atténue sa lourdeur. J’aimerais bien faire connaître cet art à d’autres personnes de la communauté ou leur apprendre à peindre.

J’utilise aussi ma créativité pour m’assurer un petit revenu. Je vends par exemple mes peintures et des appareils dentaires factices que je fabrique également moi-même. Ils ne sont toutefois pas fonctionnels, ils servent uniquement de bijou. Cette prestation est très demandée. C’est ainsi qu’outre des amies, des amis et des connaissances, je compte aussi d’autres personnes, auprès desquelles on m’a recommandée, parmi mes clientes et clients.

Perspectives d’avenir

Je suis désormais en dernière année scolaire. Ma patrie, les gens et leur culture me tiennent beaucoup à cœur. C’est pourquoi, après avoir bouclé ma scolarité obligatoire, j’aimerais bien faire une formation dans les soins ou une formation de boulangère, de confiseuse ou de cuisinière spécialisée dans la cuisine philippine.

Grâce au projet, j’ai aussi appris à repérer les personnes en qui je peux avoir confiance. Ce qui m’a le plus marquée, ce sont les offres d’aide variées qui m’ont permis d’évoluer. L’Armée du Salut a reconnu mes besoins et y a répondu. J’en suis infiniment reconnaissante. »