Projet Magellan : s’épanouir grâce à une autodétermination renforcée
Il y a un peu plus de dix ans, le Foyer et Ateliers « Centre-Espoir » à Genève lançait le projet « Magellan ». L’objectif était de favoriser l’autodétermination des résidentes et résidents. Le résultat est à découvrir dans l’article ci-dessous.
Judith Nünlist
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Durée de la lecture : 4 minutes
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Achats en commun pour aménager l’appartement destiné aux réunions de famille.
Au Foyer «Centre-Espoir» à Genève, les bénéficiaires d’une rente AI âgés de 18 à 65 ans qui sont fragilisés dans leur santé psychique trouvent un lieu de vie et de travail.
L’objectif du «Centre-Espoir» est de soutenir les résidentes et résidents dans leurs plans de vie, de promouvoir leur autonomie, leur santé et leur développement personnel et, d’une manière générale, de contribuer à améliorer leur qualité de vie et leur satisfaction.
« Magellan » : devenir capitaine à bord de son bateau
Il y a plus de dix ans, les responsables de l’époque ont reconnu toute la richesse et les ressources des personnes qui vivaient et travaillaient au «Centre-Espoir». Ils se sont rendu compte que les personnes accompagnées avaient la possibilité de les déployer si l’opportunité leur était offerte.
C’est pourquoi le projet pilote «Magellan» a été élaboré en collaboration avec des spécialistes internes et externes, deux pensionnaires ainsi que deux travailleuses et travailleurs puis lancé en novembre 2014.
« Devenir capitaine à bord de son bateau, dans le respect de soi, des autres et de l’environnement. »
La devise du projet
Le projet a pour objectif de soutenir les personnes accompagnées pour qu’elles puissent reprendre leur vie en main. «Il s’agit de pouvoir prendre des décisions qui sont importantes dans sa propre vie, mais en respectant les personnes et les choses qui nous entourent», explique Patrick Rossetti, responsable de l’institution, qui poursuit: «Cela implique aussi de prendre le temps d’écouter ce que les personnes vivent et ont à dire, pour que l’institution évolue en fonction des besoins de ces personnes et leur laisse l’espace de vivre ce qui est important pour elles.»
Lors des journées Magellan, des idées sont discutées et des ébauches de solutions sont élaborées en commun.
Un projet qui devient une culture institutionnelle
« Il est question de respect et de partenariat. »
Patrick Rossetti
responsable de l'institution
Voici l’un des enseignements tirés : souvent, les professionnelles et professionnels vont vite et oublient de prendre en compte le rythme des personnes qui ne peuvent pas se concentrer aussi longtemps en raison de leur maladie et des médicaments.
Cela engendre une relation asymétrique entre les personnes accompagnées et les personnes accompagnantes, pour en fin de compte créer un camp de spécialistes qui savent et un camp de personnes qui reçoivent et appliquent les bons conseils.
Mais cela génère plus de tensions et de non-dits qui défavorisent la relation basée sur la confiance.
« Il est question de respect et de partenariat. »
Patrick Rossetti
responsable de l'institution
« On a de l’estime pour moi et on respecte mes opinions. »
Collaboratrice, Ateliers du «Centre-Espoir»
Il s’est donc avéré nécessaire de reconsidérer la posture des professionnelles et professionnels pour que le fonctionnement sur le mode partenarial s’établisse et se formalise.
La clientèle a été impliquée dès le départ, et c’est ce qui fait la force du projet. Lors des journées dédiées au projet «Magellan», les besoins ont été tirés au clair et il a été décidé d’un commun accord ce qui était important.
Les discussions ont en outre permis de clarifier la façon d’intégrer les personnes concernées en tenant compte de leur rythme ainsi que de leur manière de faire et de réfléchir. Cette implication constante des personnes accompagnées, même dans les sujets sensibles et importants, a été et demeure essentielle.
« On a de l’estime pour moi et on respecte mes opinions. »
Collaboratrice, Ateliers du «Centre-Espoir»
Un investissement qui en vaut la peine
Aujourd’hui, le projet « Magellan» fait partie intégrante de la culture institutionnelle et est mis en oeuvre dans presque tous les domaines qui touchent à la vie des pensionnaires et des travailleuses et travailleurs.
Collaboration pour un résultat réussi.
Le projet « Magellan » laisse place à l’individualité.
Participation dans tous les domaines, de la planification au dernier contrôle.
Ils sont ainsi inclus dans les décisions, comme la rénovation du restaurant, les propositions de menus pour les repas au restaurant, la modification du règlement institutionnel, la planification des festivités dans l’institution ou encore la transformation d’un appartement entier – avec une cuisine, un salon, une terrasse et une chambre à coucher – en une chambre familiale destinée aux visites.
« Quand un sujet me tient à coeur, on en discute et on le traite ensemble. »
Pensionnaire, « Centre-Espoir »
La culture d’entreprise « Magellan» se fonde sur le respect et promeut le partenariat. Sur le fond, toutes et tous peuvent s’impliquer dans le processus, en fonction de leurs besoins et de leurs capacités. «Ce qui importe, c’est le respect des avis des uns et des autres et le fait de pouvoir vivre avec la décision du groupe», précise une participante au projet.
Pour conclure: depuis plusieurs années, les clientes et clients adressent beaucoup plus souvent et aisément leurs préoccupations, revendications et idées que par le passé. Cela demande d’être plus disponible et présent dans les temps de relation, mais pour un résultat très nettement favorable pour toutes et tous.
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