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Bien que cela n’a pas toujours été facile pour Susan (53 ans) dans son enfance, elle a rapidement trouvé son chemin et était heureuse. Jusqu’à ce qu’un accident tragique bouleverse sa vie complètement. Elle raconte elle-même comment elle a trouvé une communauté et un soutien à l’Armée du Salut de Reinach (AG) après avoir passé une décennie à se battre toute seule.
« Si mon père était de mauvaise humeur, nous devions en subir les conséquences. Au village, c’était connu et beaucoup de parents interdisaient à leurs enfants de venir chez nous. C’est pourquoi je n’avais donc que peu d’amis. J’ai appris tôt déjà à assumer mes actes et à atteindre ce que je voulais par mes propres moyens.
Un début réussi dans la vie professionnelle
Adolescente, le souhait d’être modèle et d’être connue a grandi. J’ai alors fait une école de photo-modèle et de mannequinat. Grâce à mon attitude pleine d’assurance, j’avais déjà du succès dans le secteur de la mode à tout juste 15 ans et j’avais des contrats avec différentes maisons de haute couture renommées. Après avoir terminé mon apprentissage, j’ai parcouru le monde. J’étais jeune, je défilais pour de grandes marques, j’ai eu un rôle secondaire dans un film avec Ornella Muti et je gagnais bien ma vie. Durant cette période, j’ai beaucoup vu et vécu. Je pourrais écrire un livre là-dessus !
Après quelques années, j’ai abandonné la vie de modèle. Par hasard, pendant des vacances à Miami, j’ai commencé à travailler dans l’immobilier, et très rapidement avec beaucoup de succès. Cependant, après que le propriétaire de l’agence immobilière m’ait harcelée sexuellement de façon considérable, j’ai immédiatement mis fin à mon séjour à Miami.
Entre-temps, mes parents avaient divorcé. Ils n’étaient plus heureux ensemble. Comme je le sais aujourd’hui, cette situation provoquait une profonde insatisfaction chez mon père, ce qui se manifestait par de la frustration. Après leur divorce, j’ai appris à connaître mes parents sous un jour nouveau. Ma mère, désormais livrée à elle-même, a très vite appris à subvenir à ses propres besoins. Mon père a fait la connaissance d’une autre femme. Il est devenu vraiment heureux avec elle et a évolué positivement. Lui et ma belle-mère ont tenu ensemble avec succès un restaurant à Majorque. Avant de parcourir le monde comme modèle, j’avais accompli une formation de sommelière. Malgré nos divergences, j’aimais mon père, malheureusement décédé depuis. Cela m’a motivée à l’aider durant la haute saison. Je suis finalement restée environ deux ans.
Nouveau départ professionnel et désir d’enfant
De retour en Suisse, j’ai tenté un nouveau départ professionnel en tant que formatrice de coachs dans une agence de rencontres. De nouveau, je gagnais très bien ma vie. J’étais euphorique et travaillais sept jours par semaine, et ce faisant, je me suis complètement surmenée. Après quelques années, j’ai réalisé que cela ne pouvait pas continuer ainsi et j’ai abandonné ce poste. »
«Puis est arrivé le moment où j’aurais bien voulu avoir des enfants. Cela avait été important pour moi d’être indépendante et de pouvoir subvenir à mes besoins avant même de vouloir fonder une famille. J’avais vécu et réussi beaucoup de choses, et j’avais aussi beaucoup à donner. Mais sans compagnon, mon souhait ne s’est pas réalisé. »
Un accident change tout
« C’était une grande déception. Mais, enfant déjà, j’avais appris à essuyer les revers, à me réorienter et à continuer. Alors je profitais de ma vie comme elle l’était. J’avais assez d’économies, je travaillais dans le domaine de la gastronomie et je faisais beaucoup de sport. Un jour, alors que j’étais en queue d’embouteillage sur l’autoroute, une voiture m’est rentrée dedans à toute vitesse. J’ai subi un grave traumatisme cranio-cérébral, des fractures vertébrales par compression, et d’autres blessures graves. C’était la fin de la vie que j’avais menée jusqu’alors : j’ai passé deux ans à l’hôpital et j’ai dû réapprendre à lire et à écrire. Ma capacité de concentration aussi avait souffert et j’ai dû complètement réapprendre à me connaître. Une grande partie de la force physique et mentale dont je disposais avant a disparu à jamais.
Étant donné que lorsque j’étais enfant, je n’avais pas d’amis et que j’avais voyagé pendant des années, je n’avais aussi jamais appris à entretenir des amitiés. J’étais tout à coup entièrement livrée à moi-même. Lorsque je suis sortie de l’hôpital, l’ensemble de mon mobilier était stocké dans la cave de l’immeuble. Le courrier était empilé dans une grande caisse. Il n’y avait personne pour payer mes factures ou s’occuper de mon appartement pendant mon absence. Entre-temps, mon appartement avait été reloué. Les neuf années qui ont suivi ont été une suite de hauts et de bas. Puis j’ai enfin obtenu une rente AI.
La spirale négative s’emballe
Mon rêve avait toujours été d’avoir une ferme avec des animaux. J’ai trouvé une ferme appropriée en Allemagne, pas loin de la frontière suisse. Par moments, j’ai eu plus de 90 animaux qui vivaient chez moi : de la Poule Soie (une ancienne race de poule domestique) à un Tinker ou Cob Gypsy (une race spéciale de cheval) pesant 1000 kg. Les enfants du village aimaient passer leur temps libre chez moi à la ferme et s’occupaient avec dévouement des différents animaux. Une situation gagnant-gagnant : j’avais de l’aide et les enfants apprenaient à avoir une attitude responsable envers les animaux.
C’était une période heureuse, jusqu’au soir où je me suis endormie au volant, de fatigue. Les pompiers ont dû me désincarcérer de ma voiture. J’avais plusieurs vertèbres thoraciques fracturées. À partir de ce moment-là, mon état physique s’est fortement détérioré et mon rêve a commencé à s’effriter. En outre, l’AI avait décidé que j’étais à apte à être réinsérée sur le marché du travail en raison de mon engagement à la ferme, et avait stoppé tous les versements. »
« J’avais tout perdu, une nouvelle fois. Mon monde s’écroulait. J’étais au bout de mes forces et j’ai commencé à boire. Je suis revenue en Suisse, sans logis et sans argent. Mes économies étaient épuisées depuis longtemps. Je ne pouvais plus travailler en raison de mes douleurs physiques et sans travail, pas de logement, et sans adresse, pas d’aide. Je suis restée sans-abri pendant bien six mois et j’ai vécu dans ma petite voiture. Avec trois grands chiens et trois chats, c’était très difficile de trouver un appartement. J’en ai finalement trouvé un. Après quelques temps, j’ai à nouveau reçu une rente de l’AI et des prestations complémentaires. Un peu plus tard, j’ai emménagé avec mon ami de l’époque dans un appartement plus spacieux.
L’Armée du Salut comme communauté
Lorsque je me suis annoncée dans ma nouvelle commune, on m’a communiqué que l’appartement était trop cher et que je ne toucherais donc aucune prestation sociale. J’étais à nouveau anéantie. L’alcool continuait à être un problème. J’avais plusieurs sevrages ratés derrière moi. À cela s’ajoutait que lorsque mon ami était ivre, il m’agressait sexuellement. Si je me défendais, il me battait violemment. Après la troisième agression, un sevrage forcé lui a été ordonné.
Je me suis retrouvée seule avec mes problèmes. J’ai déménagé dans un appartement plus petit, j’ai réussi à arrêter de boire de moi-même, et j’ai appris que l’on pouvait obtenir de la nourriture à l’Armée du Salut de Reinach. Pour quelqu’un comme moi, qui vit avec le minimum vital, c’est une aide précieuse pour réussir à joindre les deux bouts. J’étais tellement reconnaissante pour cela que j’ai voulu faire quelque chose. Je me suis inscrite comme bénévole et c’est ainsi que je suis entrée en contact étroit avec l’Armée du Salut.
Le travail bénévole comme un enrichissement
« J’ai beaucoup appris au fil de nombreuses discussions. J’ai pu changer mon opinion sur Dieu et je me suis trouvée plus proche de lui. Cela constitue un enrichissement précieux dans ma vie. Le Bureau social de l’Armée du Salut m’a soutenue et les choses ont enfin progressé. J’ai dû malheureusement mettre fin à mon engagement en raison de mes douleurs physiques et je ne pourrai pas le reprendre. Par ailleurs, j’ai récemment perdu en l’espace de quelques semaines mon frère et mon père. La peine est encore écrasante. De plus, depuis ce moment, l’angoisse douloureuse que je pourrais aussi bientôt perdre ma mère ou ma sœur m’accompagne. Le fait de ne pas pouvoir participer à la communauté de l’Armée du Salut me pèse beaucoup, mais je sais que je suis toujours la bienvenue. ».
Des offres sociales en faveur de personnes en détresse
Que ce soient des distributions de nourriture, des repas de midi bon marché pour les familles ou un toit à court terme : les offres de l’Armée du Salut Suisse soulagent la misère de personnes se trouvant dans des situations difficiles.
Aide et consultation sociales
L’Armée du Salut offre de nombreux points de contact à bas seuil aux personnes cherchant de l’aide. Vous trouvez ici un soutien social pratique et une écoute attentive.
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Judith Nünlist
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