Nicolas-Gabriel-3
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Nicolas Gabriel a été sans-abri à Zurich durant presque deux décennies.

Du jour au lendemain, Nicolas s’est retrouvé sans emploi, sans logement et sans un sou en poche. Il n’avait emporté que quelques affaires personnelles avec lui. Comment en était-il arrivé là ? Suite à son expulsion du foyer pour handicapés, Nicolas avait réussi à garder la tête hors de l’eau en exerçant différents petits boulots. Puis son épouse est tombée malade. La maladie a brisé le couple et la relation s’est rompue. Nicolas a quitté le domicile commun et a pratiquement tout laissé derrière lui. Il vivait avec sa conjointe en Romandie. Désormais il s’était retiré dans le canton de Zurich, son canton d’origine : sans travail, sans domicile et sans le sou.

Mener son existence dehors n’a rien d’une aventure romantique

Comme Nicolas n’était pas domicilié en ville de Zurich, il n’avait pas non plus droit à l’aide sociale. Il ne voulait cependant pas en arriver là. Jusqu’à présent, il avait toujours réussi à s’en sortir par ses propres moyens. Sa capacité à s’adapter à des circonstances qui changent et ses talents organisationnels lui étaient d’un grand secours.

« J’ai trouvé une place ou, mieux dit, plusieurs places, afin d’avoir toujours une solution de rechange, à la périphérie de la ville de Zurich. Je les ai bien aménagées. Ces refuges n’étaient pas facilement accessibles. Même les bûcherons, les chasseurs ou des représentants des autorités passaient rarement dans les parages. C’est l’organisation qui est primordiale. Je me suis installé à la ’Robinson Crusoé’. J’ai protégé du mieux que je pouvais mes affaires personnelles des intempéries et des animaux. À l’exception de quelques dommages causés par des familles de rongeurs persévérants, j’avais réussi à trouver la parade. Et pourtant : mener son existence en plein air est tout sauf un style de vie romantique et n’a rien d’attirant. »

Sans travail, pas de logement ; sans logement, pas de travail

Sans une adresse de domicile, il est presque impossible de trouver un emploi. C’est aussi l’expérience qu’a vécue Nicolas. Mais là aussi, Nicolas s’est débrouillé. Il a immédiatement commencé à travailler le soir comme auxiliaire dans le home médicalisé qui hébergeait sa mère. Cela lui a permis d’être, chaque soir pour quelques heures, à l’abri du vent et des intempéries, de s’occuper avec attention des résidents et de bénéficier, en échange, des infrastructures de l’établissement (une fois, c’était une douche chaude et réconfortante ; une autre fois, c’était des habits propres). Après son service dans le home, il se reposait pour quelques heures, avant de repartir pour la ville vers quatre heures du matin, afin de distribuer des journaux. À la suite de cela, il vendait encore le journal de rue « Surprise ».

Le chemin qui a mené Nicolas à l’Armée du Salut

Durant les années vécues dehors, Nicolas a régulièrement été en contact avec le sip (sip züri : travail social de proximité qui patrouillent dans les rues de Zurich) : « Le sip a toujours été bienveillant avec moi. Ses collaborateurs sont régulièrement venus me rendre visite, m’ont invité à prendre le café avec eux et se sont comportés de manière collégiale avec moi. C’est d’ailleurs grâce à l’intervention d’une personne du sip que la ville de Zurich s’est déclarée disposée à m’accorder l’aide sociale. »

« La chambre dont je bénéficie est importante pour moi. Je peux tout y ranger, tout est en sécurité. Comme mes livres par exemple. Je me sens comme un millionnaire qui peut ranger ses biens matériels. C’est un sentiment merveilleux. »

Suite à ce feu vert, il a pu être accueilli au Foyer de l’Armée du Salut de la Molkenstrasse, à Zurich. « L’accueil ici m’apaise. J’aurais très bien pu continuer à vivre dehors ; cela n’aurait pas été un problème pour moi. Je sais comment cela fonctionne, je connais les règles et je peux m’habituer à tout ce qui rend possible ma manière de vivre dehors. Mais cela reste un combat, et l’Armée du Salut a constitué la solution pour éviter ce combat. »

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« Jésus était un homme bienveillant et généreux, qui partageait tout son amour sans jalousie. Il a constaté que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde, il a franchi des ponts, il a noué des liens avec d’autres et ainsi permis des discussions. Sans de telles personnes, c’est la guerre qui règnerait perpétuellement sur terre. J’ai fait mien l’enseignement de Jésus, car il est le chemin qui rend heureux. »

Nicolas est infiniment reconnaissant et le montre aussi. Il donne ainsi volontiers un coup de main dans le Foyer, aide les autres résidents et s’engage, dans la mesure des ses possibilités, en faveur des sans-abri pour répondre à leurs préoccupations. C’est ainsi qu’il distribue régulièrement des petits tubes de dentifrice, des brosses à dent et du fil dentaire aux sans-abri pour leur hygiène buccale : « Durant toutes ces années, j’ai eu une fois durant deux semaines d’affreux maux de dents. C’était terrible. Je voudrais éviter cela à mes semblables. » Il a dû interrompre son travail dans le home médicalisé en raison de la pandémie. Toutefois, la distribution de journaux tout comme la vente du journal de rue « Surprise » font toujours partie de son quotidien.

À l’Armée du Salut, Nicolas a trouvé la stabilité et la paix intérieure, et la possibilité de partager sa vie avec une femme. Sa partenaire est ce qui compte le plus pour lui, étant donné qu’elle le soutient pleinement. « Je suis content d’avoir quelque chose et j’en suis reconnaissant. Pour tout : pour les repas ou surtout pour la chambre, que ce soit pour une activité, une discussion, mais aussi pour les bons moments passés ensemble avec d’autres personnes, qui portent toutes un fardeau. Bien que cela vaille pour chaque personne sur cette planète ; mais, à l’Armée du Salut c’est moins caché. » Son souhait pour l’avenir : « décrocher un emploi dans les soins. »

Offres de l’Armée du Salut pour les sans-abri

L’histoire de Nicolas illustre combien il est important d’avoir un toit sur la tête. Un chez-soi, c’est davantage que quatre murs et un toit qui nous protègent du vent et des intempéries. Avoir un chez-soi, c’est synonyme de sécurité, c’est disposer d’un endroit où se retirer, où trouver le calme et où puiser de nouvelles forces. Mais tout le monde n’a pas cette chance. Au cours des dix dernières années, le nombre de sans-abri a augmenté de plus de 70% dans l’Union européenne. Et en Suisse aussi, leur nombre ne cesse d’augmenter.

Depuis 1865, l’Armée du Salut s’engage pour des personnes en marge de la société. Aujourd’hui comme autrefois, nous sommes confrontés à de grands changements structurels. Autrefois, c’était les conséquences de la révolution industrielle, l’automatisation du travail, les travailleurs comme nouvelle couche sociale ainsi que de nouvelles formes de société comme le communisme. Aujourd’hui, ce sont les conséquences de la mondialisation, de la numérisation, du changement climatique et de la crise liée à la pandémie de COVID-19, pour n’en citer que quelques-unes. Aujourd’hui comme autrefois, les systèmes politiques réagissent trop lentement aux changements et aux défis de leur époque. Les conséquences sont que des personnes passent à travers les mailles du filet social, tombent dans la pauvreté ou deviennent sans-abri.

L’Armée du Salut est là pour ces personnes. À différents endroits en Suisse, elle apporte de l’aide aux sans-abri. Le but est toujours de sortir les personnes de la rue. Le fait de vivre dans la rue prive les personnes touchées de l’espoir et de la dignité et, souvent aussi, de leur estime d’elles-mêmes. Au moyen d’offres comme le projet « housing first », à Bâle, ou comme le nouvel hébergement d’urgence « Le Passage », à Genève, mais aussi avec un peu de chaleur humaine, nous essayons de faciliter le quotidien de ces personnes.

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