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« Notre ls cadet n’avait qu’une année lorsque mon épouse est décédée. De manière tout à fait inattendue, une crise d’épilepsie l’a arrachée à la vie. Le sol s’est dérobé sous mes pieds et je suis tombé dans un trou. Lorsque cela arrive une fois à une personne, c’est déjà bien assez dif cile. Mais lorsque cela arrive une deuxième fois ? 25 ans plus tôt, j’avais déjà perdu ma première épouse dans un accident de voiture. Tout est remonté. Je pensais au fait d’être seul avec les enfants, je me sentais désemparé et impuissant. Le fait que les deux décès soient survenus à la même date constituait une macabre coïncidence. Suite au décès de ma compagne aimée, je me suis complètement replié sur moi-même. J’étais au bout du rouleau.
Penser à mes enfants m’a gardé en vie
J’étais dépassé par la situation. Cela m’a presque brisé le cœur de ne plus pouvoir m’occuper de mes enfants. C’est ainsi que je les ai laissés chez mes beaux-parents. J’avais déserté notre foyer. Je ne supportais pas d’y rester une minute de plus. Tout seul, j’errais à travers la ville et je dormais dans des centres d’accueil de nuit. Durant cette période, je m’approchais dangereusement de rebords hautement perchés et de voies ferrées. Pourtant, le fait de penser à mes six enfants m’a gardé en vie.
Durant l’hiver, j’ai trouvé refuge au Centre de rencontre « Open Heart » de l’Armée du Salut, à Zurich. C’est là que j’ai appris qu’il y avait, entre autres, un accès gratuit à Internet dans un de leur foyer d’habitation. Internet était une question de survie pour moi. Il fallait bien que, d’une manière ou d’une autre, je décroche mes emplois d’arbitre. Dans ma jeunesse, j’avais déjà été arbitre de handball et de basket. 15 ans plutôt, j’ai commencé à arbitrer des matchs de unihockey. Grâce à mes arbitrages, je parvenais à gagner suf samment d’argent pour me procurer le nécessaire. Je payais ma nourriture et il me restait encore un peu d’argent pour les enfants. Par ailleurs, cela me permettait de rencontrer des gens et d’oublier un peu mes soucis.
L’Armée du Salut s’occupe de mon âme
Au Foyer, j’ai alors fait la connaissance d’Hanspeter Leiser, un offcier de l’Armée du Salut. Mon passé me rongeait toujours davantage. Je voulais parler de mes soucis avec quelqu’un. Les psychiatres m’avaient toujours refusé, arguant que je n’avais pas d’argent. A l’Armée du Salut, c’était différent. L’officier s’intéressait à moi en tant que personne et à mon histoire. C’est ainsi que je lui ai tout confié. Hanspeter a offert de m’héberger provisoirement. Je ne pouvais pas rester plus longtemps dans le centre d’accueil de nuit. Reconnaissant, j’ai accepté sa proposition.
Je lui ai confié que j’étais cuisinier diplômé et que je voulais à nouveau me débrouiller par mes propres moyens. « Nous avons justement un poste de cuisinier à repourvoir au Foyer de Winterthour » m’a con é Hanspeter. J’étais aux anges. Peu de temps après, j’ai pu travailler à l’essai. Et ceci, après trois ans de chômage ! Ma joie fut immense lorsque le Directeur du Foyer, Rolf Girschweiler, m’a confié le poste. Au cours des derniers mois, Rolf est devenu un con dent pour moi. Il m’aide à reprendre pied dans la vie. Il est comme un père pour moi.
Grâce à mon activité de cuisinier, j’ai repris goût à la vie
A l’Armée du Salut, je béné cie d’un environnement stable et de collègues qui me soutiennent. Grâce à mon activité de cuisinier, j’ai en n repris goût à la vie. Le matin, je me rends à mon travail avec le sourire. Le soir, je rentre chez moi tout aussi content. Aujourd’hui, je peux de nouveau regarder mes enfants en face. J’ai du plaisir à les chercher à l’école et je passe régulièrement du temps avec eux. J’ai désormais aussi mon propre logement. Je me réjouis de tout ce qui reste à venir ! »
Judith Nünlist
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