10 min. · 0 Commentaires
·partager l'article
Nous vivons dans une situation exceptionnelle
Cette période de pandémie n’est facile pour personne. De nombreuses personnes étaient et sont toujours exposées à des pressions et des traumas extrêmement inhabituels et forts. La solitude augmente. Certaines personnes se tournent vers l’alcool, les drogues ou les médicaments pour se soulager à court terme. Ce faisant, elles prennent le risque d’avoir d’autres problèmes au lieu de trouver des solutions. Nous voulons aller au fond des choses. Après avoir établi une première vue d’ensemble générale des tendances en termes d’addiction, nous porterons notre attention sur les jeunes. Pour ce qui est du stress, des charges psychiques et du nombre de dépressions graves, ce sont les adolescents qui sont le plus durement touchés. Fulvia Rot, Présidente de la Société Suisse de psychiatrie et psychothérapie (SSPP), partage cet avis. Elle pense que le coronavirus n’atténue pas cette tendance, au contraire.
La situation générale en Suisse en ce qui concerne l’addiction
Centre national de compétences dans le domaine des addictions, Addiction Suisse livre, dans son rapport « Panorama suisse des addictions » qu’elle publie chaque année, les derniers chiffres et faits concernant les thèmes principaux en matière d’addiction que sont l’alcool, le tabac, le cannabis et les autres drogues, les médicaments, les jeux d’argent et Internet. Cette fondation établit les interrelations et les commente. Vous trouverez un extrait du rapport « Panorama suisse des addictions 2021 » ici.
« Le passage de l’enfance à l’âge adulte est une phase sensible, où la probabilité d’expérimenter des substances psychoactives et d’avoir une consommation à risque est particulièrement élevée. »
Consommation de substances addictives chez les jeunes en Suisse
La jeunesse est une période mouvementée. Qu’est-ce qui met en danger les jeunes, qu’est-ce qui les protège ? La probabilité de consommer des substances psychoactives et de développer un comportement problématique n’est pas la même chez tous les jeunes. Les jeunes qui connaissent des difficultés scolaires ou qui ont une faible estime de soi et un contexte familial difficile sont plus vulnérables. Les neurosciences montrent que la propension à prendre des risques ou la recherche de sensations s’expliquent en partie par des changements au niveau du cerveau. Le passage de l’enfance à l’âge adulte est une phase sensible, où la probabilité d’expérimenter des substances psychoactives et d’avoir une consommation à risque est particulièrement élevée. Le cerveau étant encore en développement, les effets des substances en question sont aussi plus prononcés.
Quelles sont les causes les plus fréquentes pour l’addiction chez les jeunes ?
En ce qui concerne les causes, il faut en distinguer plusieurs : il y a les causes qui mènent à une consommation modérée ou problématique ou celles qui mènent à l’addiction. Les jeunes aiment bien essayer de nouvelles choses. Ils dépassent des limites et ont une tendance à prendre des risques. Alors essayer des substances addictives fait aussi partie de cela. S’il s’agit d’une consommation problématique, celle-ci sert en général à gérer les problèmes, car l’on est dépassé par le quotidien. Dans ce cas-là, la consommation aide à oublier brièvement cela et à faire une pause.
« La famille peut être un facteur de protection essentiel lorsque les parents assurent un soutien émotionnel. »
Qu’est-ce qui met les jeunes en danger, qu’est-ce qui les protège ?
Certains jeunes sont cependant plus menacés que d’autres de développer un comportement à risque ou un problème d’addiction. Ce risque dépend toutefois de nombreux facteurs différents, qui se recoupent. Les spécialistes parlent de facteurs de risque et de facteurs de protection. Rahel Gall, Directrice de Contact Fondation Aide Addiction, explique quels facteurs jouent un rôle dans l’hérédité de l’addiction. (sous-titres en français)
Comment est-ce que je remarque, en tant que jeune, que je suis en train de développer une addiction ?
Lorsqu’il n’est plus possible de contrôler soi-même sa consommation, alors il s’agit d’une consommation problématique. Même si le jeune dit « Maintenant c’est le moment d’arrêter pour me préparer pour l’examen », il ne parvient alors malgré tout pas à passer des intentions à la mise en œuvre. L’examen arrive trop vite et les conséquences sont de mauvaises notes. Un signe clair d’une consommation problématique est la perte de contrôle répétée, comme Rahel Gall, experte en addiction, le sait d’expérience. (sous-titres en français)
Qu’est-ce qui aide à admettre un comportement problématique ?
Même lorsqu’un ou une jeune remarque avoir une consommation problématique, cela reste tout de même difficile de l’admettre. Il met d’abord en avant qu’il a encore le contrôle sur le comportement. C’est aussi ainsi que cela doit être communiqué vers l’extérieur. Ici, il est déterminant que les jeunes soient conscients que ce n’est pas un échec personnel. Ce n’est pas une question de volonté d’arrêter ou non. Les mécanismes qui prennent place dans le cerveau ainsi que les facteurs sociétaux jouent un rôle important. L’addiction n’est pas un problème de responsabilité personnelle. Si l’on en est conscient, cela aide à admettre une consommation problématique et permet d’aborder le sujet. Lors d’un premier pas face à des amis ou des adultes avec lesquels une relation de confiance existe.
C’est ainsi que l’Armée du Salut aide les personnes touchées par l’addiction
Accompagner les personnes souffrant d’addiction faisait déjà partie des préoccupations principales de l’Armée du Salut lors des premières années suivant sa fondation, en 1865 à Londres. La révolution industrielle a été à l’origine de grandes détresses sociales, de l’alcoolisme, de la prostitution et de la violence domestique. L’Armée du Salut s’est fixée comme objectif de soulager cette détresse et de libérer les personnes de leur addiction. Aujourd’hui, l’Armée du Salut Suisse fixe la priorité dans le domaine de l’addiction et de la prévention chez les adultes et les jeunes. Dans plusieurs institutions, par exemple au Foyer de passage de Winterthour, les personnes qui souffrent d’addiction sont prises en charge et accompagnées. La section Jeunesse de l’Armée du Salut propose aux jeunes des activités sans écran et les emmène dans la nature.