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La solitude comme conséquence de la pauvreté
C’est aussi ce qui est arrivé à Maggie A. En tant que mère célibataire d’un fils souffrant d’une maladie chronique, abandonnée par le père biologique de l’enfant, elle et son fils n’ont pas pu se permettre le moindre luxe. « Alors que ses amis passaient leurs vacances à skier, nous restions à la maison. » Entre-temps, Maggie vit seule. Sa situation financière est restée précaire. « Chaque dépense est planifiée au centime près. Prenons l’exemple des frais d’essence. L’essence doit juste suffire pour se rendre sur son lieu de travail et sur son lieu de formation. Il n’y a pas de place pour des courses supplémentaires ou des détours. Après déduction du loyer et de la prime d’assurance-maladie, il lui reste juste 20 francs par mois pour se nourrir. « La pauvreté m’a isolée : socialement, culturellement et personnellement », ajoute Maggie. Elle dispose certes d’un réseau social, mais ne peut se permettre la moindre dépense extraordinaire afin de participer à la vie sociale. « J’aimerais beaucoup inviter des amis, leur mitonner un bon repas de Noël et leur montrer combien ils comptent pour moi, mais cela fait des années que ce n’est pas possible », poursuit-elle.
La pauvreté contribue à l’exclusion
Le retrait de la vie sociale n’est toutefois pas toujours uniquement lié à des contingences financières. Souvent, ce sont aussi les réactions de la société (les regards jugeants, les propos méprisants ou blessants) qui en sont la cause. Ce qui fait que les personnes vivant dans la précarité se gênent souvent de parler de leur situation. Elles se replient sur elles-mêmes et s’isolent socialement.
Voici ce qu’en dit Oliver Hämmig, de l’Institut d’épidémiologie, de biostatistique et de prévention de l’Université de Zurich : « Le fait de vivre en marge de la société recèle un risque d’isolement social. Bien sûr que les personnes précarisées ou celles qui vivent en marge de la société évoluent aussi dans des milieux sociaux et entretiennent des contacts entre elles. La réalité montre cependant qu’en général ces personnes se replient sur elles-mêmes. Aussi du fait qu’elles disposent de moins de ressources pour prendre part à la vie sociale. Dans un pays riche comme la Suisse, on est considéré comme pauvre lorsqu’on n’a pas les moyens de participer à la vie sociale. Lorsque quelqu’un est pauvre, il a le plus souvent honte de l’afficher. Le repli social est alors souvent programmé d’avance. Et c’est là que réside le problème. »
Un entretien de conseil peut déjà aider
C’est justement à ce niveau que l’Armée du Salut intervient avec son aide, comme au Bureau social de Renens. Andy Beney, responsable du Bureau social de l’Arc Lémanique raconte :
« Lors de l’entretien, j’essaie d’aborder le thème sans tabou en expliquant les codes de notre société actuelle. J’explique aux personnes concernées qu’il est important de vivre un minimum dans la cadre imposé par la société afin de ne pas se retrouver complétement en marge et du coup de souffrir d’un isolement social total. Car c’est très vite arrivé. Il suffit souvent d’une rupture, d’un deuil, de problèmes physiques, d’une injustice ou même d’un conflit pour se retrouver rapidement isolé, incompris. Quand une personne se retrouve pour la première fois en marge, et qu’elle a en plus un problème économique, il y a un réel risque d’isolement social. La personne reçoit en sorte une ’double-peine’. Il faut se relever du coup reçu et en plus se sortir des problèmes financiers. Alors ce que je fais c’est que j’octroie du temps d’écoute, je donne des explications et des conseils. Tout cela sans jugement, en disant qu’elles ne sont pas les seules dans cette situation, que ça arrive. C’est important d’avoir cet espace de parole, mais aussi de pouvoir réconforter la personne qui souffre et de lui redonner espoir. »
Parfois, il ne faut pas grand-chose pour reprendre espoir
Maggie A., aussi, a trouvé, grâce à l’Armée du Salut, une solution pour faire face à la pauvreté et à l’isolement. Encouragée par sa meilleure amie, elle s’est adressée à la paroisse de l’Armée du Salut de Reinach et elle y a obtenu l’aide nécessaire. Grâce à la distribution de nourriture, elle a de quoi manger aussi pendant la deuxième moitié du mois. L’année prochaine, Maggie achèvera sa formation. Elle pourra ensuite espérer avoir un meilleur salaire et participer de nouveau à la vie sociale. « J’espère alors pouvoir entreprendre quelque chose avec mes amis, passer de bons moments ensemble et ne plus vivre si repliée sur moi-même. » explique-t-elle remplie d’espoir.
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Judith Nünlist
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